"On redoute toujours de perdre la mémoire. C'est elle la source de nos maux. On ne vit bien que dans l'oubli.. La mémoire est le pire ennemi du bonheur. Les gens heureux oublient."
J'avais envie de lire Le Club des Incorrigibles Optimistes depuis sa sortie, mais le thème pas très attractif m'en avait détournée, jusqu'à la sortie du second roman de Jean-Michel Guenassia, une nouvelle fois apprécié des critiques littéraires. Hop un nouveau billet 2 en 1!
Le premier roman raconte l'adolescence de Michel Marini au début des années 60. Au lieu de réviser les maths, le jeune collégien préfère améliorer sa technique au babyfoot et finit par rencontrer des réfugiés de l'Est joueurs d'échecs. Alors que sa propre famille se disloque, Michel se réfugie auprès d'eux et y croise parfois Sartre ou Kessel.Tout un pan de l'Histoire récente se dessine sous nos yeux, de la réalité des régimes communistes au conflit algérien. Il parait qu'on y trouve quelques anachronismes, mais personnellement je n'y ai vu que du feu, même si parfois l'auteur force un peu trop le trait sur le coté "chronique sociale".
Je restais des heures face à une page blanche sur laquelle j'avais écrit : "Poème n°1". J'avais les deux premières lignes. Ca commençait par:
Il fait très beau aujourd'hui
Le soleil brille et luit
Je me suis interrompu: ... luit... luit... Hormis la rime que je trouvais jolie, je cherchais ce que le soleil pouvait faire après. J'ai pensé qu'il pourrait y avoir des nuages de traîne dans le ciel et un peu de vent. Je me suis arrêté. Ca ressemblait au bulletin météo. J'ai renoncé aux nuages et au zéphyr. Le cieux étaient vides. Rimbaud pouvait dormir tranquille.
Dans la vie révée d'Ernesto G., on change de registre pour suivre la vie de Joseph Kaplan, entre Prague et Alger. De son enfance en Tchécoslovaquie, il en garde surtout une très bonne maîtrise du tango, ce qui le rend très populaire auprès des femmes à Alger. La seconde guerre mondiale vient bouleverser la vie de ce jeune medecin juif. Même procédé littéraire, même effet: Jean-Michel Guenassia nous transporte l'air de rien dans l'Histoire. Le retour de Joseph dans son pays et un évènement inattendu redonne du souffle à la seconde partie du récit. A l'écriture fluide et la narration captivante de la Tchécoslovaquie au temps du rideau de fer, s'allie le plaisir de croiser parfois des personnages du premier roman, Le Club des Incorrigibles Optimistes.