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Rallumer les étoiles
27 janvier 2013

#69 J'avoue que j'ai vécu, Pablo Neruda

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Plus d'un mois pour lire J'avoue que j'ai vécu - il faut dire que les transports en commun et le rythme actuel au travail ne favorisent pas vraiment ce genre de lecture. En refermant les mémoires de Pablo Neruda, il me semble si difficile d'en parler, encore plus de le résumer. Peut-être pourrais-je commencer par vous dire ce qui m'a poussée à le lire: je ne sais plus à quelle occasion ce nom est arrivé dans notre conversation, et David comme moi ne pouvions dire grand chose de plus que "c'est un écrivain d'amérique du sud..." Il faut dire que dans la ville où nous avons grandi c'est avant tout une piscine et un centre sportif où j'ai connu de grands moments de solitude sur la poutre de gym alors que ma copine Anne enchaînait les roues et autres prouesses sans difficulté. Mais je m'égare. Il était plus que temps de réparer cela, et une autobiographie m'a semblé le moyen le plus facile pour découvrir l'homme et son écriture. Facile? Quelle naïveté...

j avoue que j ai vecu

L'oeuvre est complexe, mais quelle richesse! Neruda rassemble ici les grands moments de sa vie, les petites anecdotes, les rencontres célèbres comme les anonymes. D'un escalier, il en tire un paragraphe d'une poésie inouïe, d'un réfugié espagnol immigré au Chili grâce à lui une nouvelle cynique. Chaque chapitre est un livre dans le livre. Partout la poésie, la curiosité et une modestie teintée de bienveillance. 

C'est aussi une déclaration d'amour à son pays, un essai philosophique, une réflexion sur l'humanité qui révèle sa profonde tolérance, son ouverture d'esprit et sa capacité à regarder le monde évoluer, mais aussi à y participer. Car c'est surement ce qui étonne le plus, Neruda est un poète engagé, militant, parcourant le monde... Avec un rêve  "je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir".

Extrait 1:

"Une fois, des années après sa mort, je fis une conférence sur Garcia Lorca et quelqu'un, dans le public, me demanda:

-Pourquoi, dites-vous dans votre Ode à Federico que grâce à lui "on peint en bleu les hopitaux"?

Je répondis:

-Ecoutez-moi. Poser une question de ce genre à un poète, c'est comme demander son âge à une femme. La poésie n'est pas une matière statique mais un courant fluide qui très souvent s'échappe des mains du propre créateur. Sa matière première est faite d'éléments à la fois réels et iréeels, de choses qui existent et n'existent pas. De toute façon, je vais essayer de vous répondre avec sincérité. Pour moi le bleu est la plus belle des couleurs. Il implique un espace humain, la voûte céleste par exemple, tourné vers la liberté et la joie. La présence de Federico, sa magie personnelle, imposait une ambiance d'allégresse autour de lui. Mon vers veut probablement dire que même les hopitaux, même la tristesse des hôpitaux, pouvaient se transformer sous les charme de son influence et se métamorphoser brusquement en beaux bâtiments bleus."

Extrait 2

"Les escaliers partent d'en bas et d'en haut et se tortillent en grimpant. Il s'effilent comme des cheveux, marquent une légère pause, se font verticaux. Ils ont le vertige. Ils se précipitent. S'allongent. Reculent. Ils n'en finissent jamais.

Combien d'escaliers? Combien de marches? Combien de pieds sur les marches? Combien de siècles de pas, de descentes et de montées avec un livre, avec le stomates, avec le poisson, avec les bouteilles, avec le pain? Combien de milliers d'heures, qui ont usé les marches et ont fini par en faire des canaux dans lesquels la pluie circule en jouant et en pleurant?

Escaliers!

Aucune ville ne les a répandus, ne les a effeuillés dans son histoire et sur son visage, ne les a dispersés et réunis, comme Valparaiso. Aucun visage de ville n'a eu ces rides par lesquelles les vies vont et viennent, comme si elles étaient toujours en train de monter au ciel ou de descendre à la genèse.

Escaliers qui à mi-chemin ont donné naissance à un chardon aux fleurs de pourpre! Escaliers qu'a montés le marin qui rentrait d'Asie et qui a trouvé chez lui un sourire nouveau ou une terrible absence! Escaliers qu'a dévalés comme un météore noir un ivrogne qui tombait! Escaliers par où le soleil grimpe pour apporter l'amour aux collines!

Si nous parcourons tous les escaliers de Valparaiso nous aurons fait le tour du monde."

 

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Commentaires
M
on a le droit de commenter ET de mettre des etoiles? Moi je suis fan de ces articles qui melent sentiments et souvenirs persos et litterature... j 'aime bien savoir pourquoi tu as choisi un livre, ca m aide a choisir quel livre lire quand... et puis 90% du temps je lis un livre parce que " ma soeurette me l'a refilé"...
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