# 87 Plonger, Christophe Ono-Dit-Biot

"Les plaisirs qu'on a eus sont tout ce qui reste d'une vie qui s'achève. Les grands chagrins se dissipent. Pas l'éclat de rire de ton meilleur ami qui, au plus fort d'une fête, te dit qu'il t'aime à mort ou la première fois que tu vois un chef d'oeuvre de marbre et que tu comprends que tu ne l'es pas toi, de marbre, et que tes synapses s'illuminent devant cet objet fait de main d'homme. Comme ne meurt jamais non plus, le souvenir de la fraicheur de l'eau quand tu décides d'aller te baigner par une chaleur étourdissante, ou encore le filet d'alcool que tu t'autorises quand tu es épuisé et qui met le feu à tes veines et refait de toi un conquérant.
J'en profite pour te livrer ce conseil, mon petit suricate de quatre ans: ne néglige jamais ton corps. C'est ton instrument. Fais-le vibrer, jouer, tires-en les plus belles sensations. Travaille-le pour qu'il soit beau, lumineux, svelte, pour qu'il se faufile partout, frôle toutes les peaux possibles, se baigne dans toutes les eaux. Fais-en ton meilleur allié. Fais-le rayonner. Exige tout de lui."

"Une variation d'Orphée et Eurydice" : c'est ainsi que Christophe Ono-Dit-Biot définit Plonger. Une grande histoire d'amour assurément, qui lia César à Paz, une artiste espagnole, retrouvée morte sur une plage. C'est à son fils que le narrateur s'adresse pour lui raconter comment cette "bombe dépoussiérante" est entrée dans sa vie, avant de fuir vers un ailleurs moins conformiste. Elle bouleverse sa vie et son confort mais leur relation se détériore lorsque César refuse d'accéder à ses rêves d'aventure, désenchanté par la violence et la dangerosité qui règnent hors des frontières européennes, tandis qu'elle refuse d'avoir un enfant de lui et préfère adopter... un requin!

Le contre-sens originel de César sur l'interprétation des photographies de Paz sert de fil conducteur à l'auteur pour nous livrer une réflexion passionnante sur l'art, mais également sur le désenchantement du narrateur et la quête d'absolu de la jeune fille. Un roman qui nous renvoie à nos propres peurs et aspirations.

Comments

[MarieSouricette]

contente qu il t ait plu autant qu'à moi (assurement un des plus chouettes livres de ces derniers mois) et quand tu penses qu on a echappé à la "vengeance du diable qui s habille en prada"... :-)