15 juin 2015
# 117 La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon
Cette fois-ci c’est bien Marie qui m’a conseillé La petite communiste qui ne souriait jamais et comme elle, j’ai été séduite par ce roman.
En point de départ, Lola Lafon retrace le parcours de Nadia Comaneci, héroïne des Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Elle donne de la profondeur à son personnage en entrelaçant faits réels, témoignages extérieurs et échanges imaginaires avec son sujet. Le perfectionnisme de la célèbre gymnaste roumaine et les exigences de la discipline (que j'ai véritablement découverte à travers ces lignes) sont à eux seuls un bon sujet de roman, mais ne suffisent pas à lui donner sa densité.
Progressivement en effet, le récit devient plus historique que biographique pour retranscrire en filigrane le régime Ceausescu. Nadia devient alors un moyen de nous faire toucher du doigt l'enlisement et le totalitarisme croissant de la Roumanie des années 80, avec un attentisme criant de la part du monde occidental. Si l'on assiste ici à la fin d'une dictature - et comme dans Le météorologue, on réalise à travers cette histoire la difficulté de tout un peuple à renoncer à ce qui fut un idéal - l'auteur réussit aussi à nous questionner sur la place du sport comme propagande et levier politique dans notre époque actuelle.
Le mythe Nadia, la dictature roumaine et l'utilisation du sport comme vitrine politique: l'intelligence de ce roman vient du croisement subtil de ces trois thèmes. Je dois dire que j'ai été d'autant plus touchée qu'en 1992 j’avais un correspondant roumain dont j’ai perdu aujourd’hui la trace. Je vois à travers ce récit tout ce que j’ignorais alors de cette page de son histoire nationale, si différente de ce que je vivais alors.
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