# 127 L'ours est un écrivain comme les autres, William Kotzwinkle
Vous êtes déprimés par la rentrée/le ciel gris/ le mauvais début de saison de l'OM ? Ce livre est pour vous! Le titre résume assez bien l’histoire et le ton : c’est un récit décalé, voir déjanté, avec des running gags et beaucoup d’ironie. Si vous accrochez à l’humour de films comme la Cité de la Peur ou Astérix : mission Cléopâtre, foncez, on y retrouve un esprit très « théâtre d’improvisation ». Il y a longtemps que je n’avais pas autant ri en lisant (Bon j’avoue que mes dernières lectures ne s’y prêtaient pas trop).
Derrière cette dimension comique et en prenant pour cible le monde de l’édition aux États-Unis, l’auteur étrille la société capitaliste et médiatique et nous questionne sur le règne de l’image et sur nos comportements de consommateurs. Étonnant de modernité (il l’a écrit en 1996 !) il nous rappelle aussi un des principes de base de la communication : un message peut être interprété différemment selon le contexte et celui qui le reçoit. L’auteur reste somme toute très bienveillant envers l’Homme, l'animal ne s'inscrit que dans l’instant présent, assujetti à son unique nécessité de survie tandis que l’humanité se préoccupe d’avenir. Alors se reconnecter à la nature, oui, mais jusqu’où ?
Le chien sortit de la chambre, ses ongles cliquetant doucement contre les lattes en pin gauchies. Il entra dans la cuisine et contempla sa gamelle. Elle était vide, bien sûr. Mais cela valait le coup de vérifier.
Il lapa bruyamment une gorgée d'eau et se coucha en rond derrière le fourneau. Dans un soupir, la queue sur le museau, il ferma les yeux. Quelques minutes plus tard, il dormait et pourchassait en rêve des saucisses de Franckfort. Il les happait avec une telle violence qu'il se réveilla en sursaut.
C'est juste un rêve, se dit-il en soupirant de nouveau, le soupir que les chiens poussent près de l'âtre depuis la nuit des temps quand les saucisses viennent à manquer.