10 septembre 2015
# 129 La Grande Santé, Frédéric Badré
Quel point commun entre l'astrophysicien Stephen Hawking, le Calcio et le Ice Bucket Challenge? Tous trois ont médiatisé la SLA, une maladie "orpheline" et surtout incurable qui provoque une paralysie progressive des muscles, sans altérer la faculté mentale et intellectuelle des patients. Quand j'ai lu le résumé de La Grande Santé dans la sélection des livres de l'été du Monde (Et oui toujours cette fameuse liste, et ce n'est pas terminé!), cela m'a paru évident que j'allais le lire et que ce serait difficile de le commenter ici: une personne chère à mon coeur figure parmi les victimes de ce mal.
Dans la première partie de son livre, Frédéric Badré s'attache à mettre des mots sur la progression de la maladie; on lit à travers ces lignes toute la douleur de l'acceptation de ce qui lui arrive, l'apprivoisement de ce corps qui se dégrade. Il m'a été douloureux de revivre cela par narrateur interposé, mais en même temps j'étais aussi un peu avec Elle durant cette lecture, et je me suis dit que ces paragraphes répondraient peut-être un jour aux questions que ma fille nous posera sur sa grand-mère disparue.
Dans la deuxième partie, l'auteur semble s'écarter de ce corps qui le laisse tomber au sens propre comme au figuré, et il nous propose des réflexions de plus en plus spirituelles sur ce que lui apporte la culture, comme une nourriture intellectuelle remplaçant la nourriture physique qu'il ne peut désormais plus ingérer normalement. Les pages consacrées à la littérature nous montrent la portée universelle de certains textes. L'analyse de La métamorphose de Kafka appliquée à son cas semble être un révélateur qui lui permet ensuite de nous dévoiler des choses beaucoup plus intimes. J'ai été aussi particulièrement touchée quand à Venise il nous décrit son écoute de Don Giovanni: il effleure alors la perfection. Sa recherche du beau se reflète aussi dans les références à la peinture, une passion à laquelle il s'adonne et qu'il relie à sa maladie.
En refermant ce livre, j'ai été surprise à la fois par la pudeur et la sincérité qui se dégagent de ce texte, mais surtout par la profondeur psychologique de ce qui le meut désormais, lui qui ne peut plus bouger : la littérature lui permet de dépasser ce renoncement.
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