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Rallumer les étoiles
13 juin 2018

# 231 La disparition de Josef Mengele, Olivier Guez

Depuis mon dernier passage à la médiathèque de Viry La disparition de Josef Mendele avait rejoint ma pile de livres en attente (un jour je prendrai ma table de nuit en photo, vous allez vous marrer). Et puis soudain la perspective de trois jours difficiles, plusieurs heures de route et la certitude que je vais pas mal lire tant la lecture est mon refuge naturel quand je veux m’isoler: hop je glisse le prix Renaudot dans mon sac. 

Décerné en même temps que le Goncourt, il couronnait l'automne dernier lui aussi un récit d'investigation sur le nazisme. Le choix d'ouvrages du même genre pour ces deux prix traditionnellement attribués à des romans fictionnels ont marqué les médias: il est vrai que les deux se répondent assez bien par leur attachement aux faits réels et leur réflexion sur l'impunité et la lâcheté.

Si L'Ordre du jour se concentre sur la prise de pouvoir d'Hitler, "l'avant" qui mènera à l'Holocauste, Olivier Guez, lui, choisit d'enquêter sur "l'après" à travers un personnage emblématique, Josef Mengele, le docteur d'Auschwitz qui sélectionnait (entre autres) les jumeaux déportés pour ses expérimentations médicales... L'auteur ne s'attarde pas sur ce qui s'est passé dans les camps - et heureusement car les passages où il s'y réfère sont quasiment insoutenables - mais à la façon dont le tortionnaire échappera aux procès de Nuremberg et d'Auschwitz. 

De l'Argentine de Perón à la traque du Mossad, de l'entre-soi nazi aux cachettes incertaines, en deux parties intitulées Le Pacha et Le Rat, Olivier Guez retrace le parcours de Josef Mengele. La fiction vient parfois combler les silences de l'Histoire et il parvient ainsi à incarner le personnage tout en nous dévoilant peu à peu un portrait sans concession ni compassion - ce qui aurait été inacceptable tant cet homme est abject.

La littérature rend peut-être là aux victimes une forme de justice face à l'absence de regret du coupable et à la défaillance des institutions.

 

Olivier-Guez-La-disparition-de-josef-Mengele

"L'Allemagne et l'Italie défaites, l'Argentine va prendre leur relève et Perón réussir là où Mussolini et Hitler ont échoué: les Soviétiques et les Américains ne tarderont pas à s'anéantir à coups de bombes atomitiques. Le vainqueur de la Troisième Guerre mondiale patiente peut-être aux antipodes, l'Argentine a une formidable carte à jouer. Alors, en attendant que la guerre froide dégénère, Perón devient le grand chiffonnier. Il fouille les poubelles d'Europe, entreprend une gigantesque opération de recyclage: il gouvernera l'Histoire, avec les détritus de l'Histoire. Perón ouvre les portes de son pays à des milliers det des milliers de nazis, de fascistes et de collabos; des soldats, des ingénieurs, des scientifiques, des techniciens et des médecins; des criminels d eguerre invités à doter l'Argentine de barrages, de missiles et de centrales nucléaires, à la transformer en superpuissance.

Perón veille personnellement au bon déroulement de la grande évasion."

Lu en 48 heures, ceux qui ont aimé HHhH y trouveront certaines résonances même si le style est radicalement différent: là où Laurent Binet nous associe à ses recherches Olivier Guez ne livre que les faits même si l'on perçoit bien le travail immense qui se cache derrière cette sobriété apparente.

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