# 317 Les Tracts n°2, 4 et 8, Gallimard

On continue sur mes découvertes piochées au rayon périodiques de la librairie de Sauve avec les Tracts de Gallimard. Un tout petit prix - 3,90 euros - des auteurs que j'aime et des thématiques d'actualité retiennent mon attention autant que leur format minimaliste et le toucher du papier recyclé sur lequel ils sont imprimés. 

Une impression corroborée par une attraction similaire et spontanée lorsqu'il a vu les fascicules sur ma table basse: ces tout petits signes que je note en silence sont de ceux qui témoignent d'une complicité touchante et inexplicable.

J'ai choisi ces numéros uniquement sur la foi de la première de couverture annonçant l'écrivain et le sujet dont le libellé est déjà une promesse littéraire. Je les ai lus dans cet ordre et à la suite: La position des pôles de François Garde, Europe, mes mises à feu de Erri De Luca, Sans la liberté de François Sureau.

Ce sont de grands textes qui interrogent sur notre temps et notre société. On ne peut-être que frappé par la pertinence des propos, accentuée chez Francois Sureau car écrits en 2019 et dont l'écho avec les mesures prises lors de la crise sanitaire récente invite au sursaut urgent des consciences.

Cette collection Tract réussit, au moins pour ces trois essais, à nous rappeler que la curiosité, le savoir et l'esprit critique sont les fondements indispensables de l'humanisme et que cette vision peut-être servie par la poésie et la littérature.

Le journaliste, trompé par les conventions en usage, commentait ainsi: "Les concurrents passeront au sud de l'Antarctique." Bien sûr c'est impossible. Le pôle Sud est le point où la notion de sud n'a plus de sens. Il n'y a qu'au pôle Nord qu'on peut définitivement perdre le nord. (François Garde)

En tant que lecteur d'abord, en tant qu'écrivain ensuite, je me dois d'être fidèle et loyal envers la liberté d'usage des mots. Je défends les leurs pour défendre les miens. (Erri De Luca)

Mais il ne s'agit pas de détails. L'État de droit, dans ses principes et dans ses organes, a été conçu pour que ni les désirs du gouvernement ni les craintes des peuples n'emportent sur leur passage les fondements de l'ordre politique, et d'abord la liberté. C'est cette conception même  que, de propagande sécuritaire en renoncements parlementaires, nous voyons depuis vingt ans s'effacer de nos mémoires sans que personne ou presque ne semble s'en affliger. 

Je tiens pour vain l'exercice de l'indignation. L'indignation suppose je ne sais quel optimisme que je ne partage plus, l'idée qu'une protestation bien argumentée pourrait faire dévier le cours des choses. Nous n'en sommes plus là. Nous nous sommes déjà habitués à vivre sans la liberté. (François Sureau)

A noter: les textes rédigés pendant le confinement étaient téléchargeables gratuitement et sont désormais réunis en un ouvrage intitulé Tracts de crise, Un virus et des hommes. L’ensemble des bénéfices de cet ouvrage et les droits d’auteurs seront intégralement versés à la Fondation de l’AP-HP pour la Recherche.