# 320 L'aube sera grandiose, Anne-Laure Bondioux

29 août 2020

# 320 L'aube sera grandiose, Anne-Laure Bondioux

Encore une recommandation estivale de Soeurette pour ce roman et il nous a semblé amusant de vous faire un petit post particulier avec son avis et le mien. Ils ont été écrits séparement "à l'aveugle" du texte de l'autre :-). Je crée un tag "ping pong" à cette occasion!

(en vrai je crois qu'il en a marre de faire le top-model)

L'avis de Marie:

J'ai voulu t'imiter et j'ai demandé à ma librairie indépendante d'ajouter un livre poche de son choix à mes achats. Passé le moment de solitude où la libraire a cru que je voulais qu'elle M'OFFRE un livre , j'ai été agréablement surprise de lire en 4ème de couverture un commentaire positif de Olivia de Lamberterie dont j'approuve quasiment toujours les critiques dans le Masque et la Plume.

Dès le lendemain j'ai ouvert le livre et le contraste d'écriture avec le précédent livre lu (celui de ton libraire Philippe justement, Le coeur converti) m'a un peu déstabilisée. On est ici sur du récit moderne, dans le langage que nous utilisons tous les jours. On entre donc très vite dans le récit, j'ai été happée par ce livre, immédiatement assise avec les 2 protagonistes dans cette cabane à écouter cette histoire de vie rocambolesque, touchante. On y retrouve des descriptions des années 70 et 80 qui nous parlent tellement ( le magnétophone, l'absence de smartphone, Goldman ;-)), si réels dans nos souvenirs mais si loin du monde d'aujourd'hui, notre moyen âge à nous! J'ai aussi noté des phrases qui apporte une légèreté dans les sujets qui pourrait être graves, un peu à la manière d'Emile Ajar (".....Orion a commencé à tourner autour de la table en secouant ....").

Je divague peut être un peu mais comme j'ai lu 70% de ce livre de nuit, lors d'une insomnie, sur la même temporalité que le récit (sauf que mon aube étant un lundi matin, rien ne la présageait grandiose et donc il a bien fallu que vers 3h du mat' je le pose) cela lui a aussi donné une dimension particulière.

L'avis d'Armelle:

Alors que la collaboration d'Anne-Laure Bondioux avec Jean-Claude Mourvelat ne m'avait pas convaincue, ici au contraire le style est fluide, le récit est bien construit et agréablement écrit: on se laisse porter dans une atmosphère douillette et réconfortante. Une lecture facile mais pas simpliste que les parents et adolescents prendront plaisir à se prêter, idéale pour les adeptes des romans "feel-good" intelligents ou ceux qui souhaitent un livre motivant pour reprendre le rythme.

Titania prive sa fille unique de la fête du lycée pour une escapade dans un coin perdu: elle a une nuit pour lui révéler son histoire familiale avant les retrouvailles avec ses oncles et sa grand-mère au petit matin. Cette contrainte spatio-temporelle et la mise en abyme narrative sont habilement utilisées pour donner du rythme au récit. Si certains éléments manquent de crédibilité, les précisions historiques jalonnant les deux décennies (1975-1995) pendant lesquelles se déroule l'intrigue principale la crédibilisent largement.

J'ai aussi été très agréablement surprise par l'allégorie de la cabane : elle vient renforcer le propos du roman sur l'importance de comprendre d'où l'on vient pour se définir... Un thème auquel je suis particulièrement sensible en ce moment. Les cabanes me ramènent souvent à l'isba russe très sommaire du lac Onega qui fut un refuge, un point de finitude aussi, pas encore un départ mais c'est là, dans l'immensité de la Carélie, dans la clarté des nuits d'été du cercle polaire que je me suis accordée le droit au répit et que j'ai décidé d'arrêter de fuir.