# 324 Ce qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin
Lors de mon dernier passage à la librairie Les Vraies Richesses de Juvisy, j'ai demandé à Philippe un conseil sur un premier roman de la rentrée littéraire. Il me propose Ce qu'il faut de nuit, qu'il n'a pas encore lu mais dont il a entendu le plus grand bien, publié en plus par un éditeur indépendant, La Manufacture de livres. La quatrième de couverture évoque les relations entre un père et ses deux fils qu'il élève seul: une cellule familiale masculine, voilà de quoi me plonger dans un univers radicalement différent du mien...
La première page me fait sourire et provoque une identification qui ne me quittera pas vraiment tout au long de cette lecture: le narrateur assiste comme chaque semaine à l'entrainement de foot de son fils...
Laurent Petitmangin installe très vite une atmosphère monochrome, un peu morne, autour de ce père plein de bonne volonté mais en perte de repère dans un monde qui change: sa solitude face à son rôle d'éducation, son engagement militant d'un autre temps... Une chronique sociale dans l'est de la France qui fait penser à l'excellent roman de Nicolas Mathieu Leurs enfants après eux.
Avec l'adolescence, les trajectoires se dessinent : le plafond de verre de l'ambition qu'il faut repousser pour le cadet et surtout l'aîné qui se radicalise peu à peu sous influence d'un groupe d'extrême-droite. Une trahison des valeurs qui rompt le dialogue entre le père et le fils... A la chronique sociale portée par une narration et un style convaincants s'ajoute une maîtrise de l'intensité dramatique qui atteint son paroxysme dans le dernier tiers du roman - et qui rend ce livre difficile à lâcher!
Au delà de l'exercice romanesque exécuté avec brio jusqu'à la dernière page, l'auteur parvient aussi à nous questionner sur les responsabilités de chacun et les notions de complicité et de communication essentielles dans l'épanouissement d'une relation, quelle qu'elle soit.