Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rallumer les étoiles
22 février 2021

# 349 Une saison douce, Milena Agus, trad. de l'italien par Marianne Faurobert

Dès que je suis entrée dans la librairie, j'ai vu la couverture bleue d'Une saison douce de Milena Agus, alors que j'ignorais qu'elle publiait un nouveau roman. Je l'ai tout de suite acheté pour mon père qui m'a fait connaître cet auteur dès la parution de Mal de pierres en France en 2007 et je l'ai lu avant lui à l'occasion de quelques jours de vacances dans le Sud.

20210220_140628

De Milena Agus j'aime les contrastes témoignant d'une subtilité infinie: ses récits plutôt courts sont d'une densité impressionnante, alors même que leur lecture laisse un sentiment de poésie et de grâce. Cela provient certainement de son talent à parler de choses sérieuses avec délicatesse : mon premier réflexe a été d'écrire légèreté mais ce n'est pas le bon terme. Quand l'ironie affleure, c'est toujours avec beaucoup d'élégance, les personnages ne sont jamais caricaturaux mais ils portent en eux un grain de folie qui les met toujours un peu à l'écart de la société.

Dans Une saison douce, la vie d'un petit village sarde est perturbée par l'arrivée d'un groupe de migrants en transit vers l'Europe continentale. La majorité de la population marque sa désapprobation mais un petit groupe de femmes, dont la narratrice, portées par un goût immodéré pour le commérage saisissent l'occasion de déjouer l'ennui. C'est donc en dehors de toute conscience humanitaire qu'elles apportent leur aide aux réfugiés. Eux-mêmes ne sont pas pétris de bons sentiments : de passage, ils attendent que la porte du paradis occidental s'ouvre à eux, renvoyant aux insulaires l'image de leur pauvreté et leur isolement, en somme l'antichambre de la civilisation moderne.

Chacun pourra reconnaitre dans ce texte le comportement universel face à la peur du changement et la torpeur morose de l'entre-soi. Au fil des chapitres, Milena Agus nous incite à une remise en question sur ce que l'on sait de soi et des autres (celui qu'on déchiffre le moins bien est peut-être non pas l'étranger mais le voisin que l'on côtoie depuis toujours...) et nous invite au courage, celui de vivre l'instant présent et d'aller vers la découverte de l'autre, malgré des lendemains incertains. Vivre, c'est accepter le risque de perdre.

Publicité
Publicité
Commentaires
Pages
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Rallumer les étoiles
Publicité