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22 juillet 2021

# 370 Berta Isla, Javier Marias, Trad. Marie-Odile Fortier-Masek

Je voulais offrir un livre à un ami résidant dans le 17ème arrondissement et j'avais choisi la Librairie des Batignolles pour sa proximité (et cela va de soi son statut d'indépendant). Benoit avait été adorable lors de cette commande à distance, ce que m'avait confirmé mon ami en récupérant son cadeau sur place. Aussi, de passage dans le quartier, je m'y suis rendue. En plus de son conseil sur Le Roman de Jim, je lui ai posé ma question favorite: quel roman de poche me recommanderiez-vous? Un peu pris de court ne connaissant pas mes goûts, j'ai précisé que justement il ne s'agissait pas de moi mais d'un livre qui l'avait marqué, lui. Il n'a pas tellement hésité et m'a tendu Berta Isla, un pavé de 600 pages estampillé "Sélection Folio prix des libraires" d'un auteur espagnol (préjugé mitigé : je voudrais justement approfondir ma connaissance de cette littérature mais j'ai souvent des soucis avec la traduction, ou peut-être est-ce simplement que je manque de familiarité avec la structure de la langue espagnole, ce qui heurte mon expérience de lecture?).

Je l'ai lu pendant les vacances : c'est bien pratique d'avoir un livre de poche aussi dense, on le glisse partout et il dure quelques jours.

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Berta et Thomas se rencontrent au lycée à Madrid, pour elle c'est l'homme de sa vie. Après des études séparées, elle en Espagne lui en Angleterre, ils se marièrent et eurent des enfants... Sauf que quelque chose a changé chez Thomas : mystérieux, souvent en déplacement pour son travail, Berta nous raconte comment elle tient au fil des années dans cet éloignement autant physique que psychologique. Ce sont les plus belles pages, celles où la narratrice nous parle de l'absence, du silence et de ce qui se joue dans ces creux : une vie rêvée plus que vécue. Entre ces chapitres d'analyse, on découvre la vie de Thomas narrée à la troisième personne. Ce choix est très intéressant, il donne au lecteur une vraie place dans le récit, et on se sent véritablement investi d'un pouvoir omniscient. L'auteur fait d'ailleurs une brève mention à ce procédé narratif dans une mise en abyme remarquable.

C'est une écriture assez exigeante avec des phrases riches et un vocabulaire érudit (bravo à la traductrice!) qui donnent sa dimension introspective au récit. L'alternance de narration contrebalance cet effet en lui donnant du rythme, on ne s'y ennuie donc pas du tout - à part quelques pages au milieu du livre et des rappels que je n'ai pas trouvé utiles (mais certainement nécessaires pour d'autres lecteurs de par la longueur du texte). La chute est particulièrement réussie en évitant les pièges du mélodrame ou du suspense à tout prix.

Comme me l'avait dit Benoit, c'est un texte puissant qui à travers ce personnage féminin très fort nous questionne sur la façon dont on conjugue l'amour, le désir, ce qui s'impose à nous, ce que l'on choisit … Berta Isla nous réconcilie avec nos contradictions.

 

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