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14 mars 2023

# 421 Minuit dans la ville des songes, René Fregni

20230314_162012

Cela fait plusieurs mois que Philippe, mon ami libraire, me parle de cet auteur qui a remporté le Prix Malesherbes - le Libraire du roi : il faisait partie du jury et ses échanges avec René Fregni l'ont passionné. Aussi, je n'ai pas manqué la rencontre littéraire qu'il organisait aux Vraies Richesses. Devant son auditoire il a raconté comment lui, un gamin des rues de Marseille à la scolarité chaotique a été initié à la littérature, son parcours d'écrivain, sa relation avec sa mère et aux auteurs qui ont jalonné sa vie.

J'ai passé un excellent moment à écouter cet homme dévoiler avec humour et pudeur ses contradictions: d'un côté une fêlure latente d'être toujours en marge du monde et de l'autre la conviction profonde de sa vocation. Dans son roman autobiographique Minuit dans la ville des songes que j'ai bien sûr acheté immédiatement, on retrouve en fil conducteur cette recherche aboutie de sa place, de son chez-lui: c'est ce rapport au lieu et au territoire qui m'a touchée et fait comprendre l'importance de l'œuvre de Jean Giono dans sa vie. 

Lors de la soirée, immédiatement, quelque chose d'intangible m'a tout de suite fait penser à mon père. C'est en le lisant que j'ai compris qu'il incarnait l'époque de mes parents, leur enfance dans un milieu pauvre où l'école représentait l'unique chance d'ascension sociale, le souffle révolutionnaire et intellectuel qui a animé leur jeunesse et dont ma génération a manqué. Au fil des chapitres, j'ai repensé à leur engagement politique, au Che, aux bulletins Arlette Laguiller dans les urnes du premier tour, à notre poisson rouge qui s'appelait Mao, certainement plus pour sa couleur que pour le mouvement de sa bouche comme ils nous le faisaient croire alors et puis à leur émotion lorsque nous avons franchi la porte de la propriété de Léo Ferré dans le Chianti. Cette génération qui a connu l'espoir immense de pouvoir changer le monde avant de le voir s'enliser dans les travers du capitalisme et de la consommation, c'est ce témoignage empreint de sensibilité que nous livre René Fregni.

PS: j'étais tellement absorbée par la fin de cette lecture que cela m'a coûté mon portefeuille dans le RER: les pickpockets sont de cette catégorie de personne pour qui la grâce de la littérature ne vaut pas quelques minutes au PMU, endroit où il a été retrouvé, allégé de ma carte bancaire et de quelques billets. Malgré tout, cela me fait sourire d'avoir été dépouillée en lisant le destin d'un homme qui a ouvert son premier livre en prison, la boucle était bouclée n'est-ce pas?

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