# 385 La carte postale, Anne Berest

A l'exception du roman que m'a offert Emma pour mon anniversaire, cette année j'ai fait l'impasse sur la rentrée littéraire jusqu'à ce que mes parents fasse transhumer leur sélection. Même si cela fait le jeu des éditeurs traditionnels puisque ce sont eux qui accaparent une grande partie de l'exposition médiatique, j'aime ce rituel qui nous lie tous les quatre autour des livres. On est donc parti pour une série sur les livres parus en septembre 2021 😂

J'ai commencé par La carte postale parce que ma mère m'en a parlé avant même de l'avoir terminé : j'espère vous transmettre à mon tour notre enthousiasme parce que c'est vraiment la lecture idéale à (s')offrir pour Noël. Je le défends avec d'autant plus de ferveur que ce roman a été victime d'une polémique détestable propre aux prix littéraires et à un entre-soi qui dessert à la fois la diversité culturelle et la littérature.

A partir d'une intrigante carte postale anonyme mentionnant quatre membres de sa famille déportés et assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale, Anne Berest tente de remplir les pages blanches de son histoire familiale et de comprendre les fils invisibles qui perdurent à travers les générations. Construite en deux parties équilibrées - le récit historique et l'enquête sur l'expéditeur, la narration est parfaitement maîtrisée, rythmée, portée par une écriture très fluide. L'auteur joue avec intelligence entre réalité et fiction pour donner corps à une saga familiale qui démarre en Russie et traverse le vingtième siècle. 

Elle réussit à porter un regard différent sur une période qui a pourtant fait l'objet de nombreux romans, notamment en expliquant comment la rébellion a été annihilée et la population aveuglée, permettant ainsi la coopération de la communauté juive sidérée et incrédule. La scène du retour des survivants au Lutétia est glaçante. 

Au delà de l'histoire passionnante, la question de la transmission familiale m'a intimement touchée et interrogée sur mon absence d'ancrage géographique et ce sentiment tenace de n'être jamais à ma place...