# 344 Il est temps que je te dise, David Chariandy, trad. de l'anglais par Christine Raguet

En 110 pages, David Chariandy raconte à sa fille la façon dont il a été et est confronté au racisme ordinaire. Parce qu'il ne se victimise pas ni ne donne de leçon, parce qu'il ancre son récit dans la banalité du quotidien, dans un pays à la politique plutôt ouverte sur le sujet (le Canada), l'auteur nous permet de nous sentir concernés et de faire notre propre introspection face à l'expérience de la différence.

Si ce récit m'a touchée c'est aussi parce qu'en plus d'être un essai très simple et efficace sur le vivre ensemble et son corollaire l'entre-soi, c'est aussi un texte sur la quête des origines. Continuellement confronté à la question "d'où viens-tu?" de par son physique, il met en lumière l'impudeur de cette interrogation, l'intimité qu'elle suppose mais aussi la nécessité pour chacun d'entre nous d'y répondre.

David Chariandy vient de tous les continents (dans le second chapitre, la démonstration du test ADN vaut tous les discours de tolérance), il est l'enfant de ce que l'humanité fait de mieux (la mixité et l'enrichissement) et ce qu'elle fait de pire (l'esclavage). En écrivant cette lettre à sa fille il me donne l'impression de vouloir la libérer du poids d'un passé qui érige l'illégitimité en critère acceptable d'une position dans la société. Empreint d'un amour paternel immense et d'une subjectivité touchante à l'égard de sa fille, il lui donne par ses mots la liberté de se définir.

Merci Quentin pour ce cadeau qui me donne envie de découvrir les romans de cet auteur.

PS: Dans le langage des fleurs, le cyclamen symbolise un attachement fort, sincère et impérissable… ;-)