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28 mai 2012

# 52 L'Urgence et La Patience, Jean-Philippe Toussaint

Un titre qui réunit 2 figures de style c'est déjà intriguant en soi (si je ne m'abuse: une antithèse et une assonance, mais je laisse les quelques spécialistes qui me lisent rectifier cela en commentaire si besoin: Eva, Céline...), ajoutez à cela: une critique élogieuse dans Lire Magazine (je crois), la lecture appréciée de La Vérité sur Marie il y a 2 ans et l'acquisition de cet essai par ma Médiathèque en mai: voilà une succession de signes positifs, non?

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Il m'est difficile d'écrire au sujet d'un livre qui m'a autant bouleversée, je ne suis pas sûre de pouvoir l'expliquer, soit que je l'aie lu au bon moment, soit que cet auteur ait trouvé les mots qui me touchent pour décrire la façon dont il écrit. Car cet essai traite de la naissance de ses romans, de la décision d'écrire, de la façon de le faire et de mille autres sujets encore.

Ce ne sera donc pas le post le plus réussi de ce blog, mais :

J'ai appris de nouvelles figures de style: la prolepse (et par opposition l'analepse), n'est ce pas absolument charmant comme mot pour décrire ce procédé consistant à introduire des évènements postérieurs au moment de la narration? Et je me suis sentie moins seule lorsque l'auteur confie être fasciné par une construction grammaticale originale. Dans ce cas précis il fait référence à Crime et Chatiment de Dostoïevski (coïncidence encore, j'ai suivi les traces de Raskolnikov récemment à St Petersbourg). 

C'est aussi l'histoire de son amour pour les mots, pour la poésie des mots plus précisément, notamment chez Samuel Beckett. Beckett qui a fait de Toussaint un écrivain: "la lecture la plus importante que j'ai faite dans ma vie. (...) j'ai compris en lisant Beckett, que c'était là une façon d'écrire possible. (...) c'était la première fois que je me retrouvais en présence d'un écrivain, auquel j'ai senti inconsciemment que je devais me mesurer, me confronter, de l'emprise duquel je devais me libérer".

Enfin, j'ai aimé les références au très bon roman La vérité sur Marie, et touché du (bout du) doigt ce qui fait la densité, la force de certains récits:

"La façon dont j'ai construit cet hotel à Tokyo est tout à fait représentative de la manière dont je construis mes hôtels, autant dire de la façon dont je construis mes personnages. Car d'un point de vue littéraire il n'y a pas de différence entre construire un hotel et construire un personnage. Dans les deux cas, des détails issus de la réalité se mêlent à des images qui se forment dans l'imagination, le songe ou le fantasme, parfois s'ajoutent quelques esquisses, des petits dessins, des photos, des documents plus classiques (...). Je ne compose un hôtel qu'à partir de plusieurs hôtels existants. Je les mélange et je les fonds ensemble pour en créer un à ma mesure, nourrissant mon imagination de détails véridiques puisés dans la réalité qui vont se greffer à l'hôtel en devenir que je suis entrain de construire. C'est vrai pour les hotels comme pour les personnages de mes livres - je fais mine de parler d'hôtels, mais je suis entrain de parler d'Edmondsson ou de Marie."

 

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Commentaires
E
Assez étrange. C'est plus un concept qu'un roman à mon goût. Je n'ai pas été transportée mais je dois admettre que c'est brillamment construit et j'admire toujours les auteurs qui arrivent à sortir avec succès des cadres traditionnels de la littérature.<br /> <br /> Pour ce qui est de Gabin à la bibliothèque, il a pour l'instant plus été touché par les poufs en forme de coccinelle que par la multitude des ouvrages offerts mais je ne perds pas espoir... J'ai pris le programme de lecture de contes, ça peut être sympa.<br /> <br /> Allez, je vais attaquer La Vérité sur Marie en attendant la prochaine sélection.
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A
Tu me diras s'il vaut le coup, je ne l'ai pas lu.<br /> <br /> Ah je vois que Gabin prend tôt le chemin de la bibliothèque!
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E
J'ai finalement emmené Gabin faire un tour au Carré d'Art, sous la pluie. Je commence La Salle de Bain ce soir...
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E
Ca y est, enfin. <br /> <br /> Une heure de pur plaisir avec ces 107 petites pages entre les mains. Je ressens exactement ce que tu dis, le fait de l'avoir lu au bon moment. Je suis à une période de ma vie où je m'interroge sur l'écriture et ma relation à la lecture et j'avais l'impression que Jean-Philippe Toussaint avait choisi ses mots pour s'adresser à moi, tout particulièrement. Son épiphanie dans le bus 63 par exemple puisque c'était MON bus pendant quatre ans et que j'y ai fait de bien douces découvertes (mais je lui laisse Beckett quand même, faut pas pousser).<br /> <br /> Maintenant j'hésite entre attendre patiemment vendredi de pouvoir retourner au Carré d'Art pour y emprunter La Salle de bain et La Vérité sur Marie ou commencer urgemment Crime et Châtiment qui s'empoussière tristement sur mon étagère depuis des années.
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D
Ton illustration me donne envie d'en lire une.
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