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Rallumer les étoiles
27 septembre 2021

# 376 Les enfants de la Volga, Gouzel Iakhina

Je me souviens, enfant, j'aimais le mois de septembre. Il y avait notre anniversaire et puis la rentrée scolaire: on revoyait les amis. Ce n'était plus les longues soirées d'été mais il faisait encore chaud et les vignes exhalaient le parfum des vendanges. Bientôt les orages terribles des épisodes cévenols viendraient sonner la fin de l'été, en attendant on rentrait poussiéreuses de nos virées à vélo sur les chemins de terre. 

C'est à Paris que j'ai appris à désaimer ce mois. La lumière décline, il ne fait pas encore vraiment froid mais on a déjà rangé les affaires d'été, on hésite à rester en terrasse où l'on frissonne dès vingt heure. L'angoisse du gris me rattrape: de la couleur du ciel à celle des bâtiments qui défilent le long de mon trajet en RER, des trottoirs humides aux vêtements des passants, tout s'est assombri. Les semaines reprennent un rythme de roue de hamster, à chaque jour son planning, immuable jusqu'en juin. Chaque semaine sera le calque de la précédente alors je m'accroche aux couleurs dans les expos des musées, je m'évade au théâtre, je fais battre mon cœur au rythme des concerts. Et je fuis dans les livres, en attendant le prochain voyage-échappatoire. Comment font les gens pour survivre à l'équinoxe d'automne sans ces respirations? Sans rêver d'ailleurs?

Le livre que m'a offert Emma tombait à pic, choisi sur les conseils de mon libraire préféré qui lui a proposé pour moi soit un roman sur les Indiens  - "Ah non Maman en a abandonné un qui ne lui a pas plu sur ce thème" - et un autre sur la Russie: "Je prends le deuxième sans hésitation" (et j'imagine son regard sûre d'elle et ravie d'avoir trouvé le cadeau parfait). 

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Les enfants de la Volga nous emmène sur les rives du plus grand fleuve d'Europe, au sud de la Russie dans un petit village bordé de steppes. Là y vivent les descendants d'immigrés allemands invités par Catherine II et qui acquièrent après la révolution russe le statut de territoire autonome. A travers le personnage principal de Jacob Bach, Gouzel Iakhina dessine au fil des chapitres la destinée de la communauté des Allemands de la Volga broyée par le stalinisme. 

La narration  navigue avec subtilité entre réalité historique, fresque romanesque et fantastique. Toujours à la lisière de la poésie et du symbolisme, Les enfants de la Volga ont fait ressurgir les questionnements personnels qui me poussent à me confronter à ce pays-continent : l'immensité du territoire, les silences, la langue, le poids du vécu… Il a fallu une bonne dose de raisonnable pour ne pas réserver illico un aller-simple vers l'Oural. 

A un collègue qui me demandait de quoi parlait ce gros livre rouge que je tenais à la main avant d'aller attraper mon RER j'ai bafouillé quelque chose de tellement confus qu'il m'a dit "l'essentiel c'est qu'il te plaise"... J'espère avoir mieux réussi l'exercice aujourd'hui car ce roman porte avec talent le message des Editions Noir sur Blanc qui se définissent comme un "passeur d'histoire entre les cultures".

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