# 445 Nevada, Imogen Binnie, trad.Violaine Huisman

Perplexité: c'est probablement le meilleur terme pour décrire cette expérience de lecture.

Mes parents m'ont offert Nevada pour mon anniversaire, ils l'ont sélectionné en lisant le premier paragraphe de la quatrième de couverture qui débute par "Maria, jeune libraire vivant à New York" et se termine ainsi : "et si partir à l'improviste pouvait lui permettre de mieux se retrouver" : je reviens d'un séjour de trois semaines là-bas, je rêve de faire ce métier et je parle à longueur de temps ici d'introspection, leur choix fait donc sens. Mais les résumés sont filous et peut-être aurait-il fallu s'attarder sur les autres lignes et dans le doute lire la première page :

Tout le reste du roman est à l'avenant, donc en un mot comme en cent, mes parents m'ont offert un bouquin qui parle de la vie sexuelle d'une transsexuelle lesbienne. Et aussi de drogue. On est tous ouvert d'esprit dans la famille, ça les a fait marrer quand j'ai envoyé sur le groupe Whatsapp familial cet extrait et quelques autres parce qu'à 8 heures du matin dans le RER, j'aime autant vous dire qu'il faut un peu s'accrocher. 

Etonnant aussi: je n'ai pas du tout aimé le style mais son effet est très réussi: on a vraiment le sentiment d'être dans les pensées de Maria. Et si l'on met de côté la forme (ce que je suis parvenue à faire assez vite), sur le fond, ce roman délivre une réflexion intéressante sur le corps, le désir et la normativité, mais alors peut-être parce que je n'ai pas traversé ce type de questionnement, j'ai du mal à voir en quoi c'est LE grand roman sur les trans (à moins de se dire que les trans n'ont pour unique préoccupation leur transition?). 

C'était aussi vraiment plaisant de retrouver la description des quartiers new-yorkais que j'ai parcourus en août, même si ce roman a été écrit il y a dix ans (la mention de MySpace et les sms plutôt que Whatsapp ancrent plus surement l'histoire dans un espace-temps que n'importe quel autre marqueur historique). Là encore je m'interroge: on sent l'opportunisme de publier ce genre de récit aujourd'hui et ce timing éditorial me dérange tant cela sent l'opération commerciale plus que la recherche de qualité littéraire.

Je n'arrive donc pas à me faire un avis sur ce récit que j'ai lu assez rapidement malgré un dernier tiers laborieux (le roadtrip se résumant à atterrir dans un supermarché d'une ville paumée et à tomber sur un trans qui ne sait pas qu'il est trans, super, on ne s'y attendait vraiment pas...). J'imagine que je peux le recommander aux fans d'écrivains comme Virginie Despentes, qui est probablement ce que j'ai lu de plus proche en terme de style "punk-rock" comme le catégorise de façon très édulcorée The New Yorker. Bref, si vous avez aimé n'hésitez pas à me dire ce qui m'a échappé...