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Rallumer les étoiles
8 février 2021

# 347 Chavirer, Lola Lafon

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En allant réserver un livre à la médiathèque, je vois immédiatement Chavirer de Lola Lafon sur l'étagère des nouveautés. C'est un des nombreux livres de la rentrée de septembre 2020 que je voulais lire, et pas seulement parce que les critiques l'ont unanimement salué : je recommande régulièrement La petite communiste qui ne souriait jamais du même auteur. En ce moment j'ai besoin de lectures prenantes qui me transportent pendant quelques heures hors du temps présent et un peu hors de ma vie aussi. Ce samedi soir je me suis littéralement noyée dans les pages de Chavirer, oubliant les traitements de fichiers qui vont prendre 49h au lieu des 4 prévues, les voyages que je ne peux pas projeter, des logs de connexion trop silencieuses, l'horizon raccourci à une barre d'immeubles au loin dans un ciel trop souvent gris... Bref c'est pas la joie mais je garde le sourire car s'il y a bien un dicton un peu con mais qui se vérifie toujours c'est "après la pluie, le beau temps". Le printemps et les taches violettes des pensées dans les jardinières reviendront et en les attendant, me voilà avec Cléo dans les années 80. Elle a treize ans et elle rêve d'échapper grâce à la danse à la banalité déprimante de la vie familiale. S'en sortir, vivre une autre vie : c'est justement ce que vient lui proposer Cathy, une femme d'un milieu manifestement plus chic qui l'a repérée à son cours de modern jazz...

Sur fond d'abus sexuels et de consentement (avec des mécanismes d'emprise et de culpabilité très bien décrits), Lola Lafon dresse ici un tableau convaincant sur les inégalités sociales. Il y a aussi cette petite musique du corps, ce corps féminin qui depuis des années échappe à bien des femmes, qui devrait être le synonyme du mouvement et qui en réalité bien souvent nous enferme. En ce sens, je crois qu'avoir pris la danse pour décor n'est pas anodin.

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" Elle sait seulement ceci : il faut raconter ce qui hante. Et les sujets des documentaires comme ceux des romans sont des paravents qui masquent nos questions irrésolues. Le sujet ne se trouve ni ne se cherche, il faut s'autoriser à l'entendre, à lui laisser donner de la voix. Il est là depuis toujours, une banale écharde sous la peau qui se laisse oublier à la façon d'une dent ébréchée, jusqu'à ce qu'on passe sa langue dessus."

 

 

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